1. Page blanche. La matrice d’une nouvelle idée.

  1. Substance formant le livre. Les pages se tournent, se mâchent, se triturent et s’arrachent (surtout chez les enfants mais pas seulement).

  2. L’univers mystérieux des choses imprimés. Je fus happé par l’une de ces pages, ramené sous l’aspect d’un personnage.

  1. Le panthéon des hommes de lettres. Une station terminale. Une forme de pétrification, voire un arrêt de mort pour écrivains vaniteux.

  1. L’animal chéri du psychiatre.

  2. Un être déraisonnable et plaignard. Le patient est particulièrement sensible aux perturbations dans son environnement immédiat.

  3. Patient quérulent. Un grand consommateur de spécialistes et la raison des longs congés de maladie de ces derniers. Ce patient n’en finit pas d’être malade et veut toujours être guéri. Sournois, il peut attendre des heures dans la salle d’attente et user de stratégies violentes pour être vu. Il finit souvent chez le psychanalyste.

  4. Patient radical. Cas limite. Résistant à la thérapie par la parole.

Citation : « On les tiendrait en laisse, ils ne bougeraient pas, subitement dressés, illico presto, de bonnes bêtes qui ne feraient pas de mal à leur maître. » - Le psychiatre

  1. Des êtres criminels et égoïstes. Ces individus, par puérilité ou par idéalisme, créent des générations d’abrutis.

Citation : « Nos parents ne cessent de fuir, de nous abandonner, ils marchent de plus en plus loin, tout près de la carrière, en pleine nuit, dans leurs tenues d’apparat, alors que nous essayons, tant bien que mal, de les obliger à prendre soin de nous, ce qui, pour les enfants que nous sommes, se réduit en des choses simples : un verre de lait, un peu de pain, une caresse. » — Un enfant abandonné

  1. Un enjeu public. Si on n’est pas prudent, les paroles peuvent s’accumuler, devenir tout aussi difficiles à gérer que des tonnes de déchets dans un dépotoir municipal.

  1. Un nomade qui improvise la parole humaine, en refusant de faire appel à un texte pour tenir lieu de support.

    antonyme : auteur

  1. Passion sourde. Manière à la fois dolente, mélancolique et fugitive de vivre.

  1. Une façade de sérieux sous laquelle se trouve un être à tous les égards excentrique, capable d'inventer, d'un tour de main, les palabres les plus improbables.

  1. Un être qui ne vieillit pas. 

  2. Personnage non advenu. Un orphelin du récit, en attente de l’autre côté de la frontière.

  1. Phrase trop longue. Ne sert à rien sauf à accumuler les déchets de la pensée. L’équivalent de ces gens qui vivent dans une maison, au cœur d’une ville, sur dix, voire quinze ans, et qui amassent, sans se poser plus de questions, déchets alimentaires, excréments d’animaux, gigantesques sacs remplis de journaux, de courrier, de boîtes de céréales, etc.

  2. La phrase la plus longue du monde. Il faudrait composer, par l’usage adéquat de la ponctuation, cette phrase qui s’élancerait vers l’infini, mais qui pourrait vite devenir circulaire.

  1. Le savoir d’aujourd’hui et de demain, la source de l’œuvre vive, le Graal de tous les temps.

  1. Le seul maître à bord après Dieu.

  1. Cet endroit où l'on permet à ceux qui voulaient parler de s'exprimer, avec comme seule exigence de regarder la mer, la marée descendante.

  1. Enjôleur. Celui qui raconte des histoires, non pas pour dire la vérité, mais pour tromper.

  2. Être dont le ressort est brisé depuis longtemps. Comme il n’a plus d'épines dorsales, d'échines, il se moule à la parole des autres.

  3. L’insulte absolue.

  1. Semblable à ces gigantesques structures pétrolifères. Érigées en pleine mer, les plateformes hébergent les archives.

  1. Le symbole des symboles.

  1. (nom propre) Pourrissant de Solitude. Un nom qui n’est pas gracieux, mais qui se veut l’indication d’une certaine valeur. Ce n’est pas la pourriture, pas plus que le déchet. Ce n’est pas, de la part de la mère qui a nommé ainsi son bébé, une insulte, mais l’aveu reconduit d’un amour démesuré.

  1. Préceptorat rêvé. Petite entreprise intellectuelle mobile. Cette éducation renouvelée véhiculerait l’exemple d'une manière d'être avec des accrocs, des anicroches.

  1. Parole déployée comme signe d’une vérité.

  2. Prosternation à l’égard d’un dieu.

  1.  L'apparition, sur les pavés des trottoirs, des saletés accumulées qu’il faudra nettoyer.

  1. Le monde tel qu’il apparaît aux exclus.

  1. Ensemble de procédures misent en place pour éviter de s’en remettre à l’intuition, au génie du moment, à l’inspiration

  1. Citation : « Ces situations sophistiquées, qui engagent l’intelligence des sujets, requièrent l’intervention de protocoles, de manuels constituées par la compilation de très nombreuses analyses quantitatives, de manière à s’assurer qu’il n’y ait pas, dans de telles circonstances, un impair dont le contrôleur aérien, par exemple, serait victime, puisqu’il n’aurait pas été mesure de s’en remettre au jugement, au discernement, et qu’il aurait, tout au contraire, fait confiance aux organes des sens. » — Le Psy

  1. Une manière de vivre à l’envers pour en découdre avec le réel. La psychanalyse exige de marcher avec les mains placées de manière bien nette sur la terre, alors que la tête se gorge de sang. Ainsi rassemblé dans l'organe de la pensée, on éprouve le sentiment à la fois d'une immense clairvoyance, d’une compréhension fine de tous les faits et gestes de la vie dans leur manifestation infinitésimale, et celui d’une chute imminente.

  1. Une activité qui, si trop prise au sérieux, peut se transformer en guerre du sujet.

  2. (controversé) Une science exacte qui prétend calibrer les moindres faits et gestes du patient pour faire résonner les expressions du transfert.

  3. (psychiatrie) Une fabulation qui repose sur le postulat herméneutique de l’interprétation.

  1. Empiriste qui n’interprète presque jamais. La neutralité est l’une des conditions du métier.

  2. Personnage très sérieux qui a vécu de nombreuses guerres. Le métier de psychiatre, dans ces situations paroxystiques, implique que l’un survive et que l’autre meure, pour qu’il y ait, en définitive, une victoire.

  1. Un psychiatre qui tente de se donner une constance rustique, un air de bucheron, d’agriculteur, de garde forestier,

  2. (légende) Le patronyme Bellehumeur a été attribué à une lignée de criminels pour échapper à leur condition d’assassins. 

Citation : « Je me méfie de ces hommes qui ont les cheveux en broussailles, qui portent pour aller au travail des chemises à carreaux faites de flanelle, je me méfie de ces hommes qui jouent au coureur des bois, je me méfie des psychiatres qui ont fait des études trop longues pour tenter de ressembler, avec quelle niaiserie, à un personnage de bohème, à un homme tout écartillé qui sort de la forêt » -L’Auteur

  1. Scientifique assez bizarre qui joue la carte de l’empathie, de la compréhension et de la sympathie à l’égard de ses patients.