Le vagabond du saloon

Notre premier projet était une installation dans laquelle nous pouvions entendre le matériau premier des fictions, les dictées elles-mêmes au moment de leurs enregistrements. Ces dernières étaient diffusées à partir d’un camion stationné dans un terrain vague, portières ouvertes, telle une scène d’accident ayant précipité le départ de l’auteur-dicteur :

Il passait sa vie à tourner en rond dans la pièce qui lui servait de salon, alors qu’il fumait furieusement, jetant ses mégots qu’il écrasait maintenant avec beaucoup de conviction sur le parquet de bois verni, où ce qu’il en restait, car ce plancher était, depuis maintenant des années, marqué de petites brûlures, ce qui, les taches au sol en témoignaient, permettait de découvrir le passage de cet homme qui tournait en rond, lui qui se prénommait le vagabond du salon, et parfois, avec un jeu de mots incompréhensible, le vagabond du saloon.